jeudi 17 février 2011

"Lying is the most fun a girl can have without takin her clothes off"








Ce midi, je déjeune avec Sabrina. Sabrina est belle, Sabrina est bonne. Chaque fois qu'elle fait son entrée dans une pièce, son parfum capiteux semble s'imprégner dans les murs, comme pour nous rappeler que cette rencontre si déstabilisante était inévitable.

Elle est la maitresse en ces lieux, et elle entend bien le prouver.

Il m'aura fallut de long mois pour apprendre à connaître ce petit bout de femme bien trop délicieux pour ne pas être manipulé par cet enfoiré de Baptiste. D'ailleurs, il me le dit souvent : « elle fait la maligne devant qui elle veut, mais toi comme les autres, vous avez pu remarquer que je finis toujours par faire seulement ce dont j'ai envie ». Je n'ai jamais vraiment compris, et pourtant toujours envié son fabuleux pouvoir de séduction. Qu'importe l'heure où l'endroit, les femmes n'ont que son nom à la bouche.

Et bien sur, il y a aussi l'argent. Baptiste possède plusieurs boites de nuits dans la région. Activité qu'il a su rendre prospère, afin de mener la vie d'un grand seigneur, sans cesse entouré d'une cour de lèches-culs insupportable et d'aspirantes Playmates qui cherchent toutes à devenir la favorite du maitre des lieux. Sa vie ressemble à un de ces shows de télé-réalité foireux diffusés sur le câble et il « adore ça ».

Il croque la vie à pleines dents, et s'adonne à tous les plaisirs une fois la nuit tombée. Peutimporte les conséquences, Baptiste veut se sentir vivant.

Et je sais déjà quel sera le sujet de conversation avec Sabrina : Elle me dira qu'elle a lu, des sms, des mails, s'attardera sur le visage d'une blonde apparaissant trop souvent à son goût... Ce n'est pas la première, et ça ne sera surement pas la dernière. C'est ainsi et ça le sera certainement toujours.

Mais parlons de Sabrina, de la magnifique et délicieuse Sabrina.

Celle qui pleure, hurle... Mais s'accroche telle une sangsue, à ce petit royaume qu'une soirée arrosée quelques six mois plus tôt, lui a permit d'acquérir. Comme je vous l'ai dit, Sabrina est une femme magnifique, et elle est excellente dans son rôle de femme blessée et trompée. Sous ses airs de poupée, je peux vous assurer que la gamine sait exactement où elle est, et où elle souhaite aller.

Depuis que je suis à la retraite, je dois avouer que je m'ennuie. Je n'ai pas besoin d'argent, je n'ai jamais été un coureur de jupon, et je passe mon temps à jouer de la guitare. Le vendredi, en général, je passe la soirée avec Baptiste. Nous goutons chaque semaine une des différentes variétés de mon stock d'herbe personnel, puis nous descendons quelques bières, ensuite, nous sortons. Lui bien sur, est dehors du jeudi au dimanche, cela ne m'empêche pas d'être le seul témoin fiable pour Sabrina : Baptiste est mon meilleur ami, et elle se sait plutôt irrésistible.

Je vais donc aller à ce fichu déjeuner avec Sabrina.

Je veillerai à lui donner un mouchoir quand je verrai ses yeux peu à peu se remplir de larmes. Je la prendrais dans mes bras quand elle me hurlera qu'elle a des preuves de ce qu'elle avance. Je la laisserai jouer jusqu'au bout, parce que je sais qu'elle aime ça.

Enfin, je pourrais prendre la parole et tout doucement lui déclamer :

« Ma grande, Baptiste est mon meilleur ami. Je t'ai déjà dit que nous étions allé au lycée ensemble? (Bien sur ceci, est un mensonge, je n'ai jamais mis les pieds au lycée, j'ai fait fortune dans le bâtiment.) Je le connais depuis toujours! Et je sais qu'il tient à toi, qu'il t'aime de manière pure et profonde (sauf le jeudi, vendredi et samedi soir, et à tout un tas d'autres moment que je ne partage pas avec lui, puisque il est avec Julie, ou Marie, Jessica...) Alors cesses de te tourmenter, et de lui faire des crises! C'est un homme occupé par les affaires, qui se doit d'être présent partout à la fois 12 heures par jour! Il se crève sans relâche (si ce n'est entre les cuisses d'autres nanas) pour que votre magnifique train de vie ne s'arrête jamais! (Enfin le sien surtout, je sais déjà que tu finiras par t'en aller) Fais lui confiance, et comprends qu'il ne parle que de toi, qu'il répète sans cesse qu'il faut se dépêcher afin qu'il puisse enfin rentrer retrouver sa Sabrina! (Effectivement il l'a dit, mais rien ne l'empêche d'aller retrouver quelqu'un d'autre)

Prends sur toi Sabrina, Baptiste vit tout aussi mal le fait de devoir être loin de toi à cause de son boulot, et ta jalousie le tue! Tu as empêché la fille d'un fournisseur d'entrer car tu jurais qu'elle voulait coucher avec lui! (Je ne pense pas qu'elle soit la fille d'un quelconque fournisseur, cependant elle couche bien avec Baptiste)

Te rends tu compte du mal que tu te fais Sabrina? Et du chagrin que tu causes à Baptiste? Reprends-toi, ma jolie! En plus, je sais que je ne devrais pas te le dire, mais il te réserve une surprise pour ce week-end! Quelque chose de grandiose!

Apprends donc à accepter le bonheur Sabrina! Votre bonheur!»

Je ne doute pas des sentiments de Sabrina envers Baptiste, je n'oublie seulement pas que s'il y a bien une choses que les femmes qui l'entourent aiment plus que lui : c'est l'argent. Le joli sourire qui s'affiche sur le visage de notre jolie poupée à l'idée d'une surprise des plus onéreuse de la part de son petit ami ne pourrait tromper personne.

J'aime le sentiment de victoire éclatant sur un visage qui n'a pas encore compris qu'il avait définitivement perdu. Je sens des ailes pousser dans son dos, elle est heureuse, elle est sortir vainqueur de la course, elle sera la reine des abeilles... Pour une saison du moins.

Il faut être bien stupide pour imaginer faire d'un vieux loup comme Baptiste un joyeux et gentil mari, ce n'est simplement pas dans sa nature.

Baptiste est amoureux de la marijuana, qu'il considère comme sa seule et unique épouse, celle qui « le guide et le rend meilleur à chaque pas ». Il peut passer des heures à déblatérer sur les merveilleux effets sur sa vie de tout ce qu'il se mets dans les poumons. C'est vrai qu'il fume un stick de ma « diabolique » avant chaque négociations depuis près de quinze ans, et que ça lui a toujours porté bonheur. Ce qui l'a toujours conduit à venir me rendre visite surexcitée, afin de fêter « l'excellente nouvelle ». M'entrainant dans un nuage à l'odeur reconnaissable, et des litres de bourbons.

Ainsi va la vie de mon meilleur client.

Après tout, en quoi cela me rend-t-il responsable, si ma « Diabolique » fait de lui un amant insatiable et un séducteur hors pair?

jeudi 13 janvier 2011

"Le souvenir est à peine un nénuphar montrant, parmi les eaux, son visage de noyé."


Jorge Carrera Andrade, Extrait de Biographie à l'usage des oiseaux.




Je crois que le problème est venu du fait que je ne réfléchissais en rien à ce qu'elle pouvait ressentir, dans ma tête tout était clair, mon choix fait il ne restait aucune raison de rebrousser chemin, ou même de me formaliser plus que de raison...Avec le recul je sais que j'aurais du m'y prendre autrement, mais comment se comporter de manière adéquate après tant de mensonges, de traitrise, de disputes, voire même de violence?
En y repensant, je suppose que je ne pouvait en aucun cas prévoir une telle chose.


C'est vrai que j'ai agis de manière totalement égoïste, la pauvre Marion laissée sur le carreau aurait certainement mérité plus d'égard, mais comment dire à une fille que l'on en aime une autre, sans forcément devenir le diable en personne?
Alors j'ai préféré être le salaud, le fourbe, l'enfoiré ou n'importe quel autre adjectif tout aussi peu gratifiant, qu'incarne le type qui ne sait pas ce qu'il veut, et qui préfère sauter la crémière avant de lui voler son pot de beurre.
Je ne peux pas dire que ça a été facile à vivre pour moi non plus, j'y ai laissé pas mal de plumes, deux amitiés de longue date, et ma fierté de mâle à deux sous.
Malgré tout, si c'était à refaire, je recommencerai, seulement pour ce moment ou j'ai joué le tout pour le tout, un bouquet de fleurs à la main devant la porte de Julia, avec tout l'espoir du mec qui se rend compte qu'il pourrait perdre celle qu'il aime; tout ça parce que son membre le démange trop régulièrement.
Mes parents viennent me rendre visite aujourd'hui, et ce sera l'occasion pour enfin leur présenter Julia et signifier à cette dernière l'importance de notre histoire à mes yeux. Notre histoire sera officielle pour tout le monde, y compris ma famille. Je suppose que c'est ça aussi devenir un adulte.
C'est Julia qui est allée les chercher à l'aéroport, étant donné que je fini trop tard pour y être à l'heure de leur arrivée. C'est un peu étrange qu'ils ne soient pas encore là, ils auraient du arriver une bonne demie heure avant moi.

Sonnerie.
⁃ Allo! Clément, je ne trouve pas tes parents. J'ai attendu aux bagages et à la sortie de l'aéroport mais je n'ai vu personne! Tu crois qu'ils ont pris un taxi? Qu'est-ce que je fais, j'attends encore un peu ou je rentre?
⁃ C'est bizarre, je leur avait dit que tu viendrais. S'ils ne sont pas là c'est qu'ils ont du prendre un taxi, tu n'as qu'a venir chez moi, ils arriveront surement entre-temps.
⁃ En attendant, je vais appeler ma soeur, juste pour savoir où ils en sont.

⁃ Allo! Vous êtes bien arrivés? Ça va bien?
⁃ Oui tout va bien, mais le vol était long! On va pas tarder à arriver là!
⁃ Vous êtes dans le Taxi? J'avais demandé à Julia de venir vous chercher...C'est con.
⁃ Ben Marion est venue nous chercher, ça me faisait plaisir de la voir et Papa et Maman n'ont rien dit! De toute façon on arrive bientôt ! À toute!

Fin de la conversation.
Il ne me reste plus qu'à attendre de toute façon...

Sonnerie de l'interphone, bruits dans l'escalier, seconde sonnerie. Ma famille fit son entrée, talonnée de près par...Marion.

⁃ Bonjour! (bises)
⁃ Bonjour mon Loulou! Mais c'est très mignon chez toi! On voit que tu as une fille dans ta vie. Tout est rangé!
⁃ Bonjour Marion...
Mes parents avaient beau me presser de questions sur ma vie, je ne parvenait pas à détourner les yeux de Marion, mais qu'était elle venu faire ici?

Mon père lui, ne se laissa pas démonter, et plongea la pièce dans le silence par un beau :
« Alors les amoureux, comment se passe votre vie? »
⁃ Et bien pour être honnête Papa, Marion et moi sommes séparés depuis quelques mois.
⁃ Comment? Mais je croyais que...
⁃ Mais je ne le laissai pas finir
⁃ À ce propos Marion, je voudrais savoir pourquoi tu es ici.
Marion eu à peine le temps d'ouvrir la bouche, que l'interphone sonna à nouveau. Quelques secondes plus tard, Julia se trouvait elle aussi dans le salon, ne semblant pas comprendre plus que moi.
⁃ Sourire gênés, bonjour timide.
⁃ « Papa, Maman, je...Je voulais vous présenter Julia, ma petite amie »
⁃ Silence de mort. Je pose les yeux sur ma soeur qui est rouge comme une pivoine. La voix de Marion vint vite me sortir de ma torpeur.
⁃ « J'ai quelque-chose d'important à vous dire. Ou plutôt c'est Lisa est moi qui avons quelque-chose d'important à vous annoncer : Nous sommes amoureuses l'une de l'autre. »
⁃ Ma mère encaisser sans broncher, mon père ne peut cacher sa surprise, mais fini par déclarer que « ce sont des choses qui arrivent » et il demande à Marion de l'excuser, qu'il est un peu surpris mais prêt à écouter ce qu'elle veut nous dire.
⁃ Avec des tremolos dans la voix, Marion repris sont discours :
⁃ « Je ne m'étais jamais posé de questions, je me suis toujours dit que si l'amour devait venir jusqu'à moi un jour, je le saurai. J'ai eu quelques histoires, qui se sont soldées par des échecs parce que je ne m'investissait pas, ne prenait rien au sérieux... Et un jour j'ai rencontré Lisa. J'ai mis du temps à le comprendre, mais je sais que c'est avec Elle que j'ai envie d'être, et pas une autre. Lisa fais de moi une personne meilleure, complète, épanouie. C'est une histoire sérieuse entre nous. Je ne m'engage pas facilement, si je suis venue aujourd'hui, c'est parce que je suis certaine de mes sentiments. »
⁃ Ma soeur tenait à présent la main de Marion,souriante, les yeux humides... Elle semblait au comble de la joie. À vrai dire tout le monde souriait : Mes parents heureux, de savoir ma soeur heureuse, même s'ils regrettaient déjà les petits enfants; Julia soulagée, ayant certainement imaginé que Marion était enceinte de
⁃ moi, ou tout autre scénario digne d'un mauvais épisode des « Feux de l'amour ».


Assis sur ma chaise, j'avais seulement gagné le droit de sourire et de fermer ma gueule. Mon ex-copine venait de déclamer mot pour mot la déclaration d'amour que je lui avait faite le soir ou nous notre relation a débuté. Je ne pu réprimer un frisson au moment ou mon regard croisa celui de Marion, qui me fit un clin d'oeil avant d'enlacer ma soeur.
L'heure de la vengeance avait sonné, et j'allais payer ce qui était du à Marion.



dimanche 21 novembre 2010

"Madame, hé, Dis moi madame, c'est toi la pute?"



C'est au moment où ta tête heurte le mur que je relève mon museau pour te livrer des lignes qui n'auront aucun sens.



Je débarque à l'heure ou la piste se vide, il ne reste que des bouts de verres brisés et une fille qui somnole sur un fauteuil; la fête est finie et tout le monde rentre chez soi.
Il me faut un taxi, j'ai mal au crane et des relents de mauvaise vodka au fond de la gorge.
J'ai bien eu le taxi au téléphone, mais je vais devoir attendre au moins vingt minutes avant de pouvoir me blottir sous la couette... Enfin, c'était sans compter sur la nana endormie, qui soudainement parfaitement éveillée me demande si on peut partager le taxi, je ne sais pas si c'est ma parano de fin de cuite, ou la pitié mais, j'accepte.
C'est vrai que cette nana fait peine à voir : l'oeil trempé, une mine défaite, et un rouge à lèvres trop voyant; on peut accorder au Barman ainsi qu'aux quatre pelés au fond de la salle qu'elle fait vulgaire; on a pas toutes du goût, ni les mêmes moyens.
Naturellement, nous venons à discuter, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle a besoin qu'on l'écoute. C'est triste, pourtant j'aurais tout donné pour ne pas être l'épaule compatissante de ce soir. Les gens m'emmerdent ces derniers temps, et j'aimerais bien que le Barman cesse de nous dévisager...
Cette fille fait de plus en plus mal au coeur. Si j'ai bien compris son histoire, son mec viens de la quitter après un an passé à dévorer ses maigres économies. Elle tiens à peine sur ses jambes, alterne fou rire et torrents de larmes comme perdue dans une autre dimension. La situation a définitivement cessé de m'ennuyer, et j'ai hâte de sortir d'ici.
J'essai de la rassurer, lui promet que bientôt nous seront chez moi, au moins pour être au chaud et confortablement installées, avec mon sourire timide et mes longs cheveux je lui inspire confiance, d'ailleurs on ne me refuse jamais rien, je trouve ça stupide, j'ai l'air d'une gentille petite nenete, mais qu'est-ce qui prouve que je suis quelqu'un d'équilibré après tout?
Bon en réalité, je suis une meuf sympa et me mets à sa place: j'aimerais bien tomber sur quelqu'un de compatissant si j'étais dans sa situation.
En attendant le taxi qui mets beaucoup de temps à arriver, je demande de l'eau au Barman et allume une cigarette, ses regards deviennent inquisiteurs. « Et là, c'est le drame. » vous avez le droit de rire, mais je n'ai pas pu m'empêcher d'ouvrir ma foutue bouche. je lui demande alors si cela pose un problème que l'on attende à l'intérieur.
Sa réponse fut loin d'être ce à quoi je m'attendais, car le plus naturellement du monde ce monsieur s'écria : « j'voit pas pourquoi vous vous emmerdez mademoiselle, On dirait une pute c'te fille! À moins que vous ne soyez vous aussi... »
Mon sang ne fit qu'un tour, tout en me retenant de lui mettre mon poing dans la figure, ( et son mètre quatre vingt peut être...) mais pour qui il se prend celui là! Il insulte la pauvre nana à coté de moi, et il m'insulte aussi, mais où sommes nous?
Et puis c'est quoi au juste « une pute » ? Alors justement, je lui pose la question. S'ensuit une discussion que le décence m'empêche de retranscrire, sachez simplement qu'elle fut assez animée pour que notre gaillard devienne blanc, s'excuse, et que son patron vienne lui filer un savon au moment où nous grimpons dans notre taxi.

Bilan de la soirée à mi-chemin :
Les mecs sont tous des cons, j'ai une inconnue qui va dormir sur mon canapé et j'ai toujours mal au crane.

Arrivée chez moi je fais bouillir de l'eau afin de préparer du thé et nous nous installons dans le salon. C'est à ce moment là qu'elle me demande :
- «Tu trouves que j'ai l'air d'une pute? Je sais, ma robe ne me donne pas une allure très distinguée mais en même temps aller me traiter de pute je trouve ça fort!
aujourd'hui pute est un mot qu'on entend tout les jours, j'ai du moi même le sortir des milliers de fois; mais ça ne correspond plus à rien, non? Où alors ça correspond à trop de choses en même temps?
Qu'est ce que c'est être une pute pour toi?
-Ben tu sais, c'est plutôt difficile de te répondre, alors je vais tenter de faire court.
Moi, j'adore les prostituées, depuis toujours, je les respecte parce qu'elles exercent le plus beau métier du monde, et elles seules savent le faire.
Je ne parle pas d'une ado russe sur un périph', elles ce sont des esclaves, purement et simplement; je parle de celles et ceux qui vendent leur corps, comme certains vendent des vêtements; ces gens qui acceptent, assument. Beaucoup d'entre nous n'ont pas d'avis sur elles, je dirai même que la plupart s'en foutent éperdument. Je comprends quelquepart, on est jeunes, beaux, le monde nous appartient, et quoi qu'il en soit, « des meufs qui se conduisent comme des putes » On en croise dix fois par jour, rien qu'à la fac, non? Mais quelle est la différence entre les deux ?
Certes, il y en a une que l'on paie, mais encore? Quand on parle d'une pute, on juge un comportement, une manière de se vêtir? Un langage? Une fille qui n'a pas de mec fixe, On la traite de pute aussi, n'est ce pas ?Je ne dis pas que les filles qui couchent librement sont des « putes », on est en 2010, je crois que nous sommes encore libre de faire ce que nous voulons de nos corps. Le mot lui, il est toujours utilisé. Une briseuse de couple, on l'a qualifie de « pute » aussi non?
On passe notre temps à prononcer des mots à torts et à travers. Sur quels critères peut on qualifier une quelconque femme de « pute » seulement en l'observant quelques minutes? Qu'est-ce qui différencie au simple coup d'oeil,la Sainte de la Salope?
Entre les femmes que la Loi de 2003 tente tout simplement d'exterminer « naturellement » et des gamines que la société n'assume pas parce qu'elle reflète simplement le modèle qu'elle nous a donné, que reste-il?
Je n'entend que des mots mal choisis, et des filles qui rêvent de s'exploser le crane contre un mur parce que rien ne semble leur appartenir.
Les travailleuses et travailleurs du sexe existent, les filles paumées réfléchissent, le chômage et la précarité se font entendre et les retraites soulèvent les opinions quoi que l'on en pense...Le monde tourne, les Hommes avec et tout le monde s'en fou.
Ado tu écoutais Placebo en répétant à tue-tête « A friend in need is a friend indeed... » sans jamais en saisir le sens; aujourd'hui tu es une adulte et te sens toujours aussi stupide. Tu as raison et moi aussi, la preuve, je dit encore ce genre de ramassis de conneries.
-Des mots mal choisis, c'est exactement ça. Les gens sont des cons et ma vie, sans entrer dans les détails est proprement à chier.Au départ je voulais devenir une chouette fille, je ne me rappelle pas vraiment du moment où tout s'est mis à foirer. En tout cas c'était sympa de te croiser, t'as l'air d'une fille sympa, et heureusement pour moi : tu l'es. Je sais que nous ne nous reverrons jamais, alors je te remercie pour le thé et le reste, je dois m'en aller maintenant; j'ai une quantité de choses à régler. »

Elle disparu dans les premières lueurs de la ville qui s'éveille, dans un taxi dont la destination me fut inconnue. Je n'entendis plus parler d'elle jusqu'au jour où quelques lignes dans un quotidien régional m'annoncèrent qu'une jeune femme avait été trouvée sans vie dans une chambre minable; la photo ne laissait aucun doute possible. Le temps faisant son oeuvre, j'ai laissé cette histoire dans un coin de ma mémoire, mais je repensait souvent à la fille de la boite de nuit, que je rêvait souriante, juchée sur des talons immenses, amusée parce que la rue entière avait les yeux rivés sur elle.
Je n'ai jamais rien su de ses aspirations, de ses influences, de son passé, de sa mémoire. Qui sait, j'aurais peut être pu faire quelque-chose pour elle? Elle ne m'avait même pas donné son nom...
Sinon il y a cette question qui me chahute :
Bon Dieu mais c'est quoi alors une pute?

dimanche 24 octobre 2010

.La Station d’un Regard.




En entrant dans la rame, elle brisa tous les codes. Que ce soit ceux du silence ou relevant de la bien séance. De la morale ou d’une simple civilité. Tout le monde eu le souffle court. Elle ne présenta rien de bien particulier au premier coup d’oeil, mais chacun vu en elle un gouffre dans lequel se plonger. Si les femmes eurent vite fait de relever en détail chacun de ses vêtements, la manière dont tombaient ses cheveux où le regard feutré de ses grosses lunettes, les hommes quant à eux s’attardèrent plus longtemps sur ses longues et magnifiques jambes dévoilées, son cul rebondit sur lequel on pourrait faire tenir une pinte et ses lèvres rappelant l’été.

Après avoir tenu la distance entre les deux première stations, combattant à la force des mollets les soubresauts du train, faisant voler ses fesses dans toutes les directions pendant que la direction changeait, laissant danser ses seins non retenus dans son petit T-shirt en lin, les cheveux cassant sous des petits bonds de la tête presque obscènes. Le métro fut une bien belle invention. Notant aussi que l’été, les chaleurs s’envolant, le métro est bien le seul endroit au monde où tout le monde à une tête d’échangiste sans même avoir besoin d’enlever ses fringues pour le montrer. Coulant, haletant, rouge écarlate, les habits tombant. Une grande réunion de partouzeurs timides lors de laquelle personne n’ose faire le premier pas.

Il compris rapidement que ce jour était une bénédiction. Mal réveillé, il lui fallait rentrer chez lui. Après n’avoir plus quitté des yeux le corps enchanté de cette créature, il eu le plaisir de la voir hésiter puis s’asseoir sur le siège en face de lui, brisant un grand vide supplémentaire. Quel plaisir. Il avait dorénavant une version stéréo du balancement agité de sa poitrine. Mais ce que peu avaient vu, fut le détail du 21° siècle. Ce sentiment de liberté qu’elle évacuait. Ce sentiment d’invisibilité face à toutes ces femmes, belles comme moches, qui la dévisageaient depuis son entrée et l’instauration du silence qu’elle avait imposé, comme si ces dernières avaient compris dès le début de quoi il en retourné. Ce sentiment de légèreté que vous procure l’absence de sous-vêtement. L’été faisait bien les choses, épanouissant les fleurs, déshabillant les filles.

Un brusque sursaut, une très légère coupure de courant, comme il en arrive toutes les 27 secondes dans ces longs tunnels noirs, et dieu lui apparu. Comme un signe, avec le halo de lumière qu’on s’imagine lors d’une rencontre avec un Prophète. Les lèvres se dessinèrent doucement, la forme prit peu à peu place dans chaque recoin de ses pupilles. Il était là, face à l’un des plus belles chattes qu’il est eu l’occasion de rencontrer. Qui était-elle ? Comment pouvait-elle être si parfaite et en plus jouer avec ce pouvoir magique qui effraye beaucoup de personne. Il ne pouvait plus relever la tête. Elle le vit, et ne fit rien. Il était hypnotisé. Ces animaux que l’ont ne peut chasser, ces amours que l’on ne peut étreindre, nous simple mortel. Il était en contact maintenant. Relevant d’une si grosse érection cachée que lorsque la voix stridente lui annonça sa station, il fut perdu au point de ne pouvoir bouger, revenir à la réalité, descendre de la rame et repartir sur son propre chemin. Non, il était « dedans », coulant le long de la fente, se blottissant dans les moindres recoins permis par ces voluptés de peau. Le reste de ce corps plus parfait qu’un rêve n’avait plus de valeur, il avait le joyaux, le noyaux, la pèche et le bol de fruit.

Quel moment magique que de pouvoir voler l’intimité d’une créature de l’Olympe. En revanche, rappelons nous qu’aucun mortel n’ai autorisé à visiter ce lieu incroyable, rien n’est gratuit dans ce monde, il faut croire. Et tout ce que cette simple âme doit désormais ressasser, est que c’est sacrement dommage que le destin lui ait prévu de descendre à cette ultime arrêt, le protégeant d’une mort apocalyptique sans en profiter. Quel dommage qu’il se soit perdu dans l’ivresse de la chair. Quel dommage d’avoir louper 1 arrêt pour le plus beau des prétextes. Quel dommage que ce fut un 7 Juillet 2005 à 8H49 dans le métro londonien.

Toute la rame du métro explosa quelques secondes après. Il n’eut même pas le temps de comprendre, si ce n’est pas un mouvement brusque de la tête accompagnant un « attendez » échappé lorsque ses yeux se posèrent sur l’ultime rayon de lumière de sa vie. Sa dernière image fut une chatte. La plus belle des chattes. Celle qu’on nous offre mais que l’on ne peut toucher. Celle que nous n’aurions jamais eu sinon avec les yeux. Celle que nous n’oserions fouler de peur, comme avec les ailes d’un papillon, de l’empêcher de s’envoler butiner ailleurs. De toutes les façon possibles de vivre une mort impersonnelle, celle ci doit être, de toute, la plus agréable. Mourir sur un rêve encore chaud.

.Les larmes ne s’arrêtent pas sur du latex.




Sania. Londres

Alors que le jour se lève, il est facile de voir ses yeux se fermer. 8H, le matin, la rue dort encore. Les clochards ivres, sont sur les marches, ronflants leur amertume, personne pour dénoncer cela. Elle, marche silencieusement, rentrant se coucher chez elle, la tête basse et le pas pressé.

Sania a 20 ans. L’âge d’or, celui qu’on rêve de garder toute notre vie. Celui où on est encore beau, encore insouciant, encore heureux de pouvoir ne pas dormir. Enfin tout à fait conscient de nos choix et de nos décisions, persuadé d’un avenir sous total contrôle –alors que curieusement, le double plus tard, on ferait n’importe quoi pour revenir de peu en arrière. Elle vit à Londres depuis 2 ans, ayant fuit son chez elle natal faute de ne pouvoir assumer ses souvenirs d’enfance bafoués par de stupides erreurs d’adolescente. Quittant son coin perdu un drapeau à la main, découvrant la ville, l’esprit de culture, la diversité et les gens. Il ne lui fallut que trop peu de temps pour s’y préparer, encore moins pour s’y afférer. Tombant dans le bain comme dans un gangbang improvisé au détour d’une ruelle, sans que personne n’évoque de consentement.

Aujourd’hui, sur les 8 millions d’habitants qu’habrite la ville, beaucoup la connaissent. Certains malins la considèrent et autant d’autre aigris la haïssent. Tout vient de leur faculté à savoir faire la part des choses. Sania n’est pas une petite fille sage, du moins, pas comme le prétendait son père, selon le modèle qu’il aimait lui infliger. Partir aussi loin était pour elle un moyen de vivre sa vie, se porter sur ses propres jambes, faisant ses propres choix. Prouvant ainsi qu’une grande raison l’animait. Et quand Sania prend ses propres choix, cela consiste à écarter les jambes autour du cou d’un inconnu. Un simple sourire lui suffit, se complaisant dans l’étreinte. Dans un sport où l’esprit compte pour peu, où l’inactivité n’existe pas. S’il y aura peu de gens pour lesquels on peut ressentir un véritable amour, en revanche, nous pourrions tous nous enculer, ne recherchant plus qu’une hanche relativement populaire.

Le sexe lui permet de survivre. Tel une soupe populaire un soir d’hiver glacé. Telle une grande bouteille d’eau trouvé fraichement sur la table rentrant d’une promenade de plusieurs heures sous un soleil meurtrié. Une cigarette sortant du travail, une bière rentrant de cours. Son crack, son Nurofène. Un simple doigt levé devant le double menton de son paternel reprochant la couleur apparente de sa culotte. Elle est jeune, libre et Femme. BB. Brigitte. Julia Roberts. Simplement et longtemps après.

Son plus grand plaisir à se faire du bien était du genre exponentiel. Généreuse comme elle l’était, accro au bonheur, elle ne rechigner pas à redonner le sourire aux garçons, à prendre pour toute celles qui avaient dit non. Elle en voulait et, d’expérience, savait que personne ne la refuserait jamais. Elle choisissait ce qu’elle faisait, avec qui et comment. Elle n’avait aucune contrainte et aimé une large variété de pratique. Elle était une bible avec des réponses. Pendant au moins le temps d’une nuit.

Ses 20 ans lui offre l’aura de la fraiche pousse, donnant envie à quiconque de l’effleurer et de pouvoir donner l’illusion à chacun d’être celui l’ayant cueilli, révélant au grand jour sn insatiable libido. N’y allant pas de main morte, elle se mit rapidement à ressembler non plus à une jeune pelouse en devenir, mais bien à un terrain vague emprunt de mauvaises herbes, de buissons et quelques fossés. Un véritable chantier abandonné dont les ouvriers occupent encore les lieux, avec une cadence de travail qui ne connaît aucune crise, où les grèves sont, exclusivement, à ignorer.

Sania s’est toujours foutue de ce que l’on pouvait bien penser d’elle. Maintenant qu’elle dû devenir une femme mure et sûr, ces choix ne regardent qu’elle et votre probable désaccord sur ses mœurs ne la chagrine pas plus. Coucher avec tout le monde, tout le temps, n’importe comment n’est, dans son esprit, pas plus un divertissement qu’un affront à ses ancêtres qui auraient vite fait de la rayer du testament si seulement 1/10° de ses pratiques leur revenaient aux oreilles. Elle, avait décidé de vivre avec. Cela faisait parti de ses choix. Fraichement débarquée dans la grande ville, il lui fallut un certain ton, une certaine philosophie pour se retrouver, elle, perdue au milieu de tant de détails. Elle voulu tourner la page, elle voulut enterrer quelques démons. Comme pouvait le symboliser son short si court et son Tshirt blanc aux lettres dessinant un « Never Look Back » imposant. Elle regarderait devant, le message était passé, vous pouvez faire ce que vous voulez derrière.

C’est d’ailleurs ce qu’elle fait en ce tôt matin où, après un nuit de luxure mêlée à des corps sans nom, il lui faut rentrer. Elle rêve d’une longue douche, d’habits propres et de draps blancs. Mais surtout elle a peur. Cependant, rentrer chez elle correspond à la partie fastidieuse du processus. Reine d’une nuit, égérie d’une bande de queutard bandant mou encore endormi lors de son départ, elle s’en va rejoindre ses 4 murs et son silence de plomb. Cela la pèse. Cela fut probablement une des raisons à son appétit infini de chaire, dès le début. Ne pas avoir à revenir combattre ses démons, ses vides et ses pleurs. Rêvant de le voir souffrir, de le voir jaloux, de le voir hésiter quant à sa nouvelle pétasse. Elle voudrait qu’il repose les yeux sur elle, se dise « Je me suis trompé. Courageuse elle est parti, elle m’a oublié, elle se fait plaisir ». Voilà ce qu’elle faisait. Elle lui écrivait toutes les semaines une lettre avec ses sueurs vaginales. N’osant jamais poster la lettre, reprenant pourtant son courage à deux mains dès le nouveau soir venu. Elle devait lui faire mal, et pour ça, elle donnerait tout ce qu’elle avait. A savoir un cul, deux jambes, dix doigts et 32 dents.

Ce qu’elle ne voulait pas voir, ne plus regarder, remontait à un peu plus de deux ans. Alors en couple avec celui qu’elle voyait déjà comme le père de ses enfants, elle fut dévastée par le drame. Une tromperie, des mensonges, plus de respect, plus d’amour, plus de l’autre. Parti. Tout. D’un coup. Comme une lettre n’arrivant jamais, sans aucune trace de son contenu à jamais ignoré. Perdue. Voici pourquoi elle était partie. Plus rien n’allait, et rien ne serait mieux demain. Il lui fallait se créer une nouvelle journée constamment, du décor à la pensée, du fond à la forme, de l’odeur au gout. Il lui fallait se changer les idées, voir d’autres choses. Elle avait alors sauté dans un avion, laissant jusqu’à sa valise sur le bitume de l’aéroport. Partie fraichement.

La luxure n’était pas son vice. Encore moins son défaut. Il était celui des mauvais pensant qui rentrent seuls quand elle se faisait démonter par de trop nombreux participants. Ceux qui la jugeaient finissaient très souvent sur Youporn, pensant à elle. Tout le monde pensait à elle. L’image de son sexe en tête, ayant oublié la forme de son visage. On se souvenait ainsi facilement d’elle. La coquine, la cochone. Celle qui n’a pas peur. Celle qui donne et ne se préoccupe pas de recevoir. L’Etat providence, le RMI, les cavités de Sania.

Elle voulait être celle là. Qu’on regarde passer depuis la terrasse d’un café, déclarant fièrement, « tu vois celle ci… une bombe… une chienne… je donnerai n’importe quoi pour revivre une nuit avec elle ». Or, ce que Sania ne savait pas, c’est que des filles de joie, qui se jouent du système proposant leurs services gratuitement en échange de 15 minutes de considérations, il y en a beaucoup. Les putes n’existent plus et sont remplacées par de nouvelles créatures, n’ayant peur de rien, écoutant leurs désirs, assouvissant leur passion. Elle n’était qu’un poisson dans une marre de foutre. Buvant la tasse à chaque échappée. Remplie de sperme à force d’en déguster.

Ce genre de matin était devenu une routine pour elle, fuyant la scène du crime, rentrant dans sa tour d’ivoire, pleurant dans ses céréales, séchant ses yeux dans un coin de son Tshirt « Never-Look-Back », qui chaque jour perdait un peu de son éclat. Se voulant aussi libre qu’aveugle, elle dansait le soir sur du minimal, pleuré le matin sur les mots de Macy Gray. Elle vivait à l’envers, se couchant aux heures de bureau, sur le bureau les heures de sommeil. Persuadée que se tenir sur ses propres jambes était une tache facile, elle se surpris un matin à passer plus de temps portée par la graisse des rebonds de son cul, sur on ne sait quel meuble, que sur le plat de ses pieds. Personne pour regarder, si ce n’est son reflet dans le miroir constatant les traces suspectes dans ses cheveux. Venant se soutenir par elle même, elle ne se rendit jamais compte que les seules fois où ses jambes la tenaient, était quand elle était à genoux. Le reste du temps, généralement, on avait la décence de la porter. Elle vivait dans le passé au point de ne pas voir ce qui se passait. Avec l’ignorance et la peur comme seuls compagnons.

C’est en ces moment, rentrant, qu’elle y pensait. Ce rappelant son premier amour, celui qui l’avait rendu heureuse. Cette époque où elle se levait le matin en se disant inlassablement que la journée serait belle. Elle n’avait pas de question à se poser car elle l’avait lui. Rien d’autre. Elle se foutait du reste. Jusqu’à ce qu’il parte la queue entre d’autres jambes, la laissant, elle et sa vie nue sur la paille encore chaude. Il n’avait pas fini son travail et elle en avait pâti. Elle n’était plus qu’une contrefaçon, un bien non fini, un produit brute dans le corps d’une toute petite bête. Invendable. Alors elle se donnait au rabais, assurée de maitriser sa vie, persuadée de valoir ce qu’elle voulait. Certaine de porter son propre fief entre deux mains libre pour toute révolution.

Assurée d’assumer ses choix ne découlant pourtant que de réflexions précoces.

.There's no Way else than Sisco.




Il sortait de son bureau sans savoir quelle direction prendre. Il avait arrêté de boire il y a bien 6 mois mais il en arrivait à se demander s’il devait partir chez lui directement ou passer vite fait par le bar pour se trouver un peu de courage, ce dernier lui semblant totalement absent.

Il finissait tous les jours de la semaine à 19H et le fait qu’il soit autorisé à partir de si bonne heure lui permettrait de ne même pas poser le doute dans l’esprit de sa femme. Le problème étant que s’il sortait si tôt ce jour là, c’était à cause du rachat de sa boite par une autre. Le fameuse histoire du « rachat qui ne permet plus votre emploi » dont on entend souvent parler mais dont on en se doute jamais de sa venue. Mais les faits étaient là. Il n’avait plus de boulot et rentrer chez lui pour voir sa femme et ses deux filles en ouvrant la porte il savait qu’il se bloquerait et il ne pourrait rien dire. Il savait aussi qu’à 46 ans, le chômage était un gouffre. On n’en ressortait qu’amoindrît, à défaut de ne pas en mourir. Il avait peur de la réaction de sa femme. Il imaginait déjà cette dernière l’emmerder à chaque fois qu’il passerait le pas de la porte annonçant qu’aujourd’hui non plus il n’avait pas trouvé de travail. Au bout d’un temps, ça deviendrait sa faute. L’amour finirait par s’épuiser. La baiser serait un devoir plus qu’un plaisir. Il passerait pour un branleur aux yeux de sa famille et il finirait par en devenir un.

Son regard perdu dans ses pensées noires, il ramassa son attaché-case, mis son manteau dans le creux de son bras et pris la direction du bar. S’il devait vivre une vie de merde à partir de demain, celui ci se terminerait dans un gout de scotch qu’il avait presque oublié.

Depuis qu’il avait arrêté de boire, il avait évité de fréquenter les bars. C’est sa femme qui avait pris cette décision. Pour lui l’alcool n’avait jamais été un problème. Il ne buvait jamais devant ses filles. C’était un principe pour lui. Il attendait la fin du repas et partait rejoindre un copain ou un collègue aux alentours de 22H. Il revenait généralement torché chez lui et sa femme lui gueulait dessus s’il se trouvé même plus capable de bander. « Aux nom de tes filles tu dois le faire », avait elle dit d’un ton solennel qui ne lui avait pas laissé beaucoup de choix. Mais il se souvenait toujours d’un bar. Son préféré. Le Tony Rocky Ball. Il était devenu un ami du gérant qui lui payé souvent des coups. L’ambiance y était sombre mais ardente. Le bar avait en son bout une télévision qui retransmettait des matchs de base-ball et des bouteilles masquaient une vitre dans laquelle parfois des petits vieux qui avaient trop bu se perdaient, regrettant probablement les choix de leur passé. Des recoins feutrés étaient composés de banquettes et de tables où on pouvait facilement trinquer avec sa maitresse sans crainte de se faire reconnaître. Ce bar était parfait. Plus il avancé sur le trottoir, et plus il se souvenait. Les scotchs, les finales de super ligues, les coups d’un soir, les cuites. Bien plus rapidement qu’il n’y paru, il arriva devant la porte et se senti presque excité à l’idée de pousser la lourde porte rouge de l’entrée.

Cette lourde porte eue l’effet d’une machine à rattraper la poussière. Il était 5 ans en arrière, la calvitie effacée, le bide plat. Il était heureux. Il ne pensait plus au chômage. Le barman ne dit rien. Le regarda et se tue. Perdu entre un « heureux de te revoir enfin » et « tu y arriveras la prochaine fois », ne sachant pas vraiment à quelle situation il avait à faire. Il servit un scotch.

Le fil ne fut pas dur à rompre. En 7 minutes et trois scotchs, il raconta tout au barman. Celui ci, comme à son habitude, écouta. Voyant la situation se dessiner, il pointa furtivement le fond du bar. Il assista alors à la vision de deux magnifiques jambes perdues dans l’ombre de la luxure que transpiraient les recoins de cet antre. Elle était blonde, sentant le sexe, se dirigeait vers SF. Le bar ornait maintenant les cadavres d’une dizaine de verres. Les rires éclataient et les lèvres dégoulinaient.

Une fois l’heure où même les ivrognent commencent à rentrer chez eux attend, elle voulu partir. Proposant un dernier verre chez elle. Après avoir faillit s’étouffer, pensant que son charme de quadragénaire sans emploi ne lui permettait même plus d’imaginer de tels scénarios. Il lui proposa une cigarette, un bol d’air et un au revoir. Elle accepta.

Ils firent les derniers à sortir. La rue était déserte. Froide. Sans fin ni à gauche, ni à droite. Perdue. Seule une magnifique voiture rouge type Great White Shark surplombé le pavé devant le bar. Elle parcouru 3 mètre pour arriver jusqu’à la portière et ce moment lui sembla tout aussi infini que l’univers. Le regard trouble, pleurant dû au froid, il se retourna sans rien dire et parti. Il était quelqu’un de bien. Il rentrait chez lui, plus par peur de trop réfléchir que par choix.

La soirée fut agréable, il avait ce qu’il était venu chercher, du courage. Cela le réconforta dans l’idée d’avoir passer la nuit à boire, ce qui n’était pourtant pas vraiment envisageable.

Il ne fallut pas plus de 2 minutes après avoir enfoncé la clé pour que la scène commence. Il n’eu même pas le temps de préparer son discours que déjà quelque chose n’allez pas.

Où étais tu ? Tu as vu l’heure ? Tu te fou de ma gueule ? Et ainsi de suite. Il ne dit rien, enleva son manteau, posa ses affaires et s’installa dans un fauteuil, main sur les yeux. Elle, continuait, sans relâchement. Une véritable machine de guerre.

Soudainement il dit quelque chose. Elle en fut coupé en pleine phrase et se tue. Il lui expliqua tout, tout ce qu’il pu lui dire, il le lui dit. Dans la plus grande sincérité, dans le plus grand respect de l’Homme saoul. En revanche, ce n’était pas parce que son haleine aurait pu tremper une serpillère qu’il ne pesait pas ses mots. Il trouverait du travail, forcement, car il en avait la rage. Il ne dormirait plus. « Je suis le capitaine du navire et je ne le laissera pas couler ».

Sa femme incrédule par ce discours continuait de le regarder sans aucune expression. Il avait parfois l’impression qu’elle était en train d’examiner l’état de la tapisserie derrière lui tellement elle louchait.

Une fois le calme plat du discours achevé venu, elle se leva, lui annonça qu’elle était enceinte. De 4 mois et que par sa faute ils allaient crever. Elle en a marre. Elle partira chez sa mère, à la campagne et il viendrait aussi puisqu’il était le capitaine.

Restant assis au fond du fauteuil, les mains croisées sur ses genoux, il releva un instant le regard et le posa sur sa femme.

« MAIS C’EST QUOI CE SOURIRE BON DIEU ? Tu comprends ce qui se passe ? »

Son esprit n’était plus là. Le regard vide, l’alcool dans les circuits, un grand sourire au milieu du visage. Il était reparti là où il venait de se laisser. Une grande voiture décapotable, sur une route aussi droite qu’infini, écoutant des vieux standards à la radio, la fille sur le siège passage, les pieds dans le vents au dessus du rétro.

La seule phrase qu’elle pu entendre lors du reste de la nuit fut prononçait lors d’un murmure.

Il semblait se parler à lui même toujours aussi perdu dans son sourire, disant qu’il devait probablement être le plus bête des idiots…

.THEY WERE THERE.





Une simple question d'argent… C'est ainsi que tout a commencé.

J'avais dix-huit ans à peine et venais de décrocher le Bac, précieux sésame ouvrant les portes des études supérieures. Des rêves plein la tête et des étoiles plein les yeux, j'ai simplement voulu croire que la vie serait plus tendre avec moi. Fille cadette de la petite famille bourgeoise française de base, vivant au dessus de ses moyens, vouant un culte au crédit à la consommation. Je fus une adolescente ordinaire, peut-être un peu rebelle, passant ses nuits à lire et à chiller en cachette.
Rien ne me prédestinait donc à basculer, si ce n'est cette angoisse de l'huissier venant débarrasser la jolie maison de l'essentiel de son contenu.
Passons donc les affres de mes relations amoureuses désastreuses, et les amis qui n'en sont pas, je ne suis pas ici pour vous raconter ce chapitre-ci. Non, vous; vous voulez connaitre les détails de la naissance du monstre le plus joli de l'histoire du crime : du sang, du sexe, de la sueur et des liasses de billets par centaines.
La réalité est pourtant d'une banalité affligeante : Zillah ou l'histoire de la petite fille qui avait peur de manquer d'argent. C'est ainsi que l'idée m'est venue, évidente et pourtant improbable. Je me rappelle de ce mec rencontré lors d'un voyage il y a quelques mois, qui à l'issue d'une bagarre, m'avait proposé de travailler avec lui pour "réclamer ce que l'on doit à son patron" ou quelque chose comme ça.
Armée de maigres économies et d'une valise pleine à craquer je me dirigeais vers la ville de l'anonymat et du " Cash in hand" pour un rendez-vous particulier. Je devais effectuer devant mes futurs employeurs une sorte de journée d'essai, si l'issue se révélait favorable, nous parlerions honoraires,fréquences des missions, et tout ce qui suit…
Rendez-vous dans un vieil immeuble, où dans la pénombre un homme me tend un sac, et me demande de le suivre jusqu'au dernier étage. J'enfile le tablier qui se trouve à l'intérieur. L'homme me regarde d'un drôle d'air, et j'aperçois d'autres personnes assises au fond de la pièce où nous nous trouvons. Ce soir là, et pour la seule et unique fois, je ressentis la peur; celle de finir au fond d'une cave, ou en morceaux dans la Tamise.

L'homme qui m'avait donné le sac désigna une table :
"Maintenant gamine, c'est à toi. Une seule contrainte : ils doivent tous entrer dans les sacs là-bas. Bonne chance".
Il souriait, l'air franchement amusé, ce que je pouvais aisément comprendre à ce moment de l'aventure, cependant, la confiance vint assez vite. On me demanda si j'avais des exigences particulières; je demandais une seconde table, deux bâches, un crochet au plafond, des seaux, un gorille pour me servir de porteur et de quoi jouer la musique de mon Ipod assez fort. Ces messieurs voulaient voir de la boucherie, j'allais leur offrir de l'art. Je n'ai jamais su si ces hommes avaient vraiment commis quelconques fautes, ou s'ils avaient été choisis au hasard, j'eus également beaucoup de mal à comprendre pourquoi on allait me payer à découper ces mecs en présence des commanditaires, ni pourquoi ils me les amenaient sur un plateau. S'en était presque trop beau pour être vrai, pendant quelques secondes, je songeais a mon inconscience, à l'impossibilité de rebrousser chemin.
Il était bien trop tard, rebrousser chemin aurait été du suicide.

J'allais à la rencontre de la première table, observa le jeune homme attaché et conscient en chaussant mes gants. J'ouvris mon sac et en sortis une seringue, injecta une dose de paralysant à l'heureux élu pour être le premier sur la liste. J'avais déjà une certaine expérience en la matière : oubliant régulièrement d'aller à la fac, je m'étais dégoté un job dans un abattoir. Bien entendu, ma carrure m'empêchant de porter des poids trop lourds, je fut employée pour la saignée, les découpes et éviscérations. Ce fut loin d'être aussi violent que ce que vous pouvez imaginer… J'aimais vraiment ce job : déstressant, salaire plus que correct et source d'enseignements.
Ici, je me sentais grisée, j'allais faire le même type de boulot, certes à des êtres humains mais pour une somme extravagante. Était-ce si horrible que ça de m'offrir les moyens de vivre mes rêves? Je ne me sentais pas folle, ni même sous le coup d'une horrible pulsion; n'ayant simplement rien à perdre, j'étais venue ici pour gagner.
On accrocha pour moi le premier homme au crochet, ainsi situé au dessus d'une table bâchée, le travail serait plus facile.
La musique retentit dans la pièce, le sang jaillit de la carotide de notre première victime, laissant quelques taches sur la bâche avant de s'écouler dans un seau. Pendant qu'il se vidait de son sang, j'endormis les autres, exécutant la même opération. Trois fois. L'excitation était palpable dans l'air, l'espèce de gorille du début louchait en ma direction, une terrible expression sur le visage lorsqu'il accrochait un nouveau corps.
J'entendis des exclamations s'élever du fond de la salle. Le public semblait apprécier, tant mieux, moi en tout cas, je m'amusais bien. La scie et le scalpel semblaient les fasciner, le tas de sacs à mes pieds grandissant, quant à lui, imposait un silence quasi religieux.
J'étais une artiste et ma première se révélait être un succès, le rouge me montait aux joues, malgré l'incertitude au sujet de la suite des événements.

Une fois le travail terminé, celui qui semblait être le boss vint à ma rencontre, me remerciant pour mon "incroyable prestation" me laissant lorgner les liasses de billets à l'intérieur du sac qu'il me destinait. C'est ainsi que notre incroyable collaboration commença. Je crois pouvoir dire que cet homme fit de moi une personne accomplie, et, fait surprenant, bien dans sa tête. Cet homme s'appelait Z… C'est par respect et admiration que je devins Zillah.
Pour la première fois de ma vie, on allait me faire totalement confiance, on me chargeait de responsabilités, j'allais diriger une petite équipe, et toucherait un salaire absolument scandaleux pour un volume horaire relativement très réduit. Si j'avais apprécié mon job dans le petit abattoir de ma ville de province, j'adorais celui de tueur à gages, enfin c'est le terme qui s'approche surement le plus du poste que j'ai eu l'occasion d'occuper lors de cette période.
Je n'ai jamais ressenti le moindre regret, ou sentiment de culpabilité, pourtant, contrairement aux idées reçues, je n'ai jamais eu d'orgasme en tranchant une gorge. N'en déplaise à beaucoup de mes congénères, je n'ai pas ressenti le besoin de conserver de trophée : pas la moindre goutte de sang, aucune mèche de cheveux, ni même un oeil ou une langue. je dois avouer que les viscères dans du formol n'ont jamais fait partis de mes objets de décoration favoris. Je ne suis pas une malade sadique, et mes seules obsessions sont la propreté et l'abondance de livres dans ma bibliothèque. De plus, les trophées finissent toujours par se muer en preuves à charge lors du procès…Autant ne pas offrir ma tête sur un plateau.

Mes patrons furent relativement nombreux, même si la priorité concernait toujours les contrats venant de chez Z.
Il n'aura existé qu'un seul témoin de mes agissements, une seule trace des crimes que j'ai pu commettre. Combien de personne ont pu passer entre mes lames? Qui étaient ces personnes? Mon équipe elle même ne saurait vous le dire, de toute façon, à l'heure actuelle, je n'ai aucune idée d'où ils peuvent se trouver. L'un portait des corps emballés, l'un nettoyait, l'autre conduisait; l'argent liquide et le pur malt faisaient le reste, sans questions, sans soupçons. J'aurais pu tuer leurs propres mères sans qu'ils s'en aperçoivent.
Lui seul savait, lui seul sait, lui seul saura : Ils sont tous passés entre mes mains expertes, ont connu le poison, le tranchant du scalpel. Je n'ai jamais rien connu de leurs vies. Je ne saurai vous dire s'ils étaient mariés, fidèles, dérangés, dangereux, innocents, coupables, victimes ou quoi que ce soit d'autre. Ils étaient là, chaque semaines. Je ne me souviens pas de tous les visages mais tiens à commémorer leurs noms, au moins leur en donner un car ils étaient là. Un peu par respect pour eux, beaucoup pour ce que j'ai su accomplir.
Ne cherchez pas à comprendre ces degrés de la psychologie humaine qui n'existent pas, ne venez pas faire une légende de ce qui n'est qu'HISTOIRE.
Il fut le seul à regarder mon visage de face, sans masque, sans capuche, sans maquillage, lui qui ne connu que la poussière de la ville, les trombes d'eau, les gaz d'échappements et les anonymes constamment pressés. Je prie pour le savoir toujours debout aujourd'hui.
Pourtant, ils étaient là, ils ont toujours été ici, il suffisait de savoir lire… Nonchalamment écrits à la craie, ils y figuraient tous, que cela soit un sobriquet, ou le prénom choisis lors de leur baptême. Ils étaient là, étalés sur un mur, aux yeux de tous, aux yeux de personne.

Un mur de plus tagué par de jeunes vandales? Des enfants s'amusant en allant prendre le bus?
Rien de plus que l'indignation de personnes âgées en colère par pur devoir. La pluie et le pollution firent le reste. Personne ne songea à venir nettoyer, comme personne ne prêta attention aux noms venants s'ajouter de temps à autres. De toute façon qui s'en soucierait?
Si vous lisez ceci, c'est surement que le mien y a été rajouté, comme l'exprimait clairement le testament de quatre phrases rédigé le jour ou je fus engagée.
"Les noms sont là.
Ils y étaient, depuis le début, et je voudrais que mon nom figure sur ce mur lorsque je viendrais à disparaitre. Je me contrefiche de mes biens, faites-en ce que bon vous semble; alors Zillah ne sera plus. Jamais."

Rien de plus.
J'ai caché tout un tas de choses, pourtant, je n'ai jamais menti à ce sujet :
"Ils étaient là" et ils y resteront…Jusqu'à ce que le béton nous sépare.



E.