jeudi 17 février 2011

"Lying is the most fun a girl can have without takin her clothes off"








Ce midi, je déjeune avec Sabrina. Sabrina est belle, Sabrina est bonne. Chaque fois qu'elle fait son entrée dans une pièce, son parfum capiteux semble s'imprégner dans les murs, comme pour nous rappeler que cette rencontre si déstabilisante était inévitable.

Elle est la maitresse en ces lieux, et elle entend bien le prouver.

Il m'aura fallut de long mois pour apprendre à connaître ce petit bout de femme bien trop délicieux pour ne pas être manipulé par cet enfoiré de Baptiste. D'ailleurs, il me le dit souvent : « elle fait la maligne devant qui elle veut, mais toi comme les autres, vous avez pu remarquer que je finis toujours par faire seulement ce dont j'ai envie ». Je n'ai jamais vraiment compris, et pourtant toujours envié son fabuleux pouvoir de séduction. Qu'importe l'heure où l'endroit, les femmes n'ont que son nom à la bouche.

Et bien sur, il y a aussi l'argent. Baptiste possède plusieurs boites de nuits dans la région. Activité qu'il a su rendre prospère, afin de mener la vie d'un grand seigneur, sans cesse entouré d'une cour de lèches-culs insupportable et d'aspirantes Playmates qui cherchent toutes à devenir la favorite du maitre des lieux. Sa vie ressemble à un de ces shows de télé-réalité foireux diffusés sur le câble et il « adore ça ».

Il croque la vie à pleines dents, et s'adonne à tous les plaisirs une fois la nuit tombée. Peutimporte les conséquences, Baptiste veut se sentir vivant.

Et je sais déjà quel sera le sujet de conversation avec Sabrina : Elle me dira qu'elle a lu, des sms, des mails, s'attardera sur le visage d'une blonde apparaissant trop souvent à son goût... Ce n'est pas la première, et ça ne sera surement pas la dernière. C'est ainsi et ça le sera certainement toujours.

Mais parlons de Sabrina, de la magnifique et délicieuse Sabrina.

Celle qui pleure, hurle... Mais s'accroche telle une sangsue, à ce petit royaume qu'une soirée arrosée quelques six mois plus tôt, lui a permit d'acquérir. Comme je vous l'ai dit, Sabrina est une femme magnifique, et elle est excellente dans son rôle de femme blessée et trompée. Sous ses airs de poupée, je peux vous assurer que la gamine sait exactement où elle est, et où elle souhaite aller.

Depuis que je suis à la retraite, je dois avouer que je m'ennuie. Je n'ai pas besoin d'argent, je n'ai jamais été un coureur de jupon, et je passe mon temps à jouer de la guitare. Le vendredi, en général, je passe la soirée avec Baptiste. Nous goutons chaque semaine une des différentes variétés de mon stock d'herbe personnel, puis nous descendons quelques bières, ensuite, nous sortons. Lui bien sur, est dehors du jeudi au dimanche, cela ne m'empêche pas d'être le seul témoin fiable pour Sabrina : Baptiste est mon meilleur ami, et elle se sait plutôt irrésistible.

Je vais donc aller à ce fichu déjeuner avec Sabrina.

Je veillerai à lui donner un mouchoir quand je verrai ses yeux peu à peu se remplir de larmes. Je la prendrais dans mes bras quand elle me hurlera qu'elle a des preuves de ce qu'elle avance. Je la laisserai jouer jusqu'au bout, parce que je sais qu'elle aime ça.

Enfin, je pourrais prendre la parole et tout doucement lui déclamer :

« Ma grande, Baptiste est mon meilleur ami. Je t'ai déjà dit que nous étions allé au lycée ensemble? (Bien sur ceci, est un mensonge, je n'ai jamais mis les pieds au lycée, j'ai fait fortune dans le bâtiment.) Je le connais depuis toujours! Et je sais qu'il tient à toi, qu'il t'aime de manière pure et profonde (sauf le jeudi, vendredi et samedi soir, et à tout un tas d'autres moment que je ne partage pas avec lui, puisque il est avec Julie, ou Marie, Jessica...) Alors cesses de te tourmenter, et de lui faire des crises! C'est un homme occupé par les affaires, qui se doit d'être présent partout à la fois 12 heures par jour! Il se crève sans relâche (si ce n'est entre les cuisses d'autres nanas) pour que votre magnifique train de vie ne s'arrête jamais! (Enfin le sien surtout, je sais déjà que tu finiras par t'en aller) Fais lui confiance, et comprends qu'il ne parle que de toi, qu'il répète sans cesse qu'il faut se dépêcher afin qu'il puisse enfin rentrer retrouver sa Sabrina! (Effectivement il l'a dit, mais rien ne l'empêche d'aller retrouver quelqu'un d'autre)

Prends sur toi Sabrina, Baptiste vit tout aussi mal le fait de devoir être loin de toi à cause de son boulot, et ta jalousie le tue! Tu as empêché la fille d'un fournisseur d'entrer car tu jurais qu'elle voulait coucher avec lui! (Je ne pense pas qu'elle soit la fille d'un quelconque fournisseur, cependant elle couche bien avec Baptiste)

Te rends tu compte du mal que tu te fais Sabrina? Et du chagrin que tu causes à Baptiste? Reprends-toi, ma jolie! En plus, je sais que je ne devrais pas te le dire, mais il te réserve une surprise pour ce week-end! Quelque chose de grandiose!

Apprends donc à accepter le bonheur Sabrina! Votre bonheur!»

Je ne doute pas des sentiments de Sabrina envers Baptiste, je n'oublie seulement pas que s'il y a bien une choses que les femmes qui l'entourent aiment plus que lui : c'est l'argent. Le joli sourire qui s'affiche sur le visage de notre jolie poupée à l'idée d'une surprise des plus onéreuse de la part de son petit ami ne pourrait tromper personne.

J'aime le sentiment de victoire éclatant sur un visage qui n'a pas encore compris qu'il avait définitivement perdu. Je sens des ailes pousser dans son dos, elle est heureuse, elle est sortir vainqueur de la course, elle sera la reine des abeilles... Pour une saison du moins.

Il faut être bien stupide pour imaginer faire d'un vieux loup comme Baptiste un joyeux et gentil mari, ce n'est simplement pas dans sa nature.

Baptiste est amoureux de la marijuana, qu'il considère comme sa seule et unique épouse, celle qui « le guide et le rend meilleur à chaque pas ». Il peut passer des heures à déblatérer sur les merveilleux effets sur sa vie de tout ce qu'il se mets dans les poumons. C'est vrai qu'il fume un stick de ma « diabolique » avant chaque négociations depuis près de quinze ans, et que ça lui a toujours porté bonheur. Ce qui l'a toujours conduit à venir me rendre visite surexcitée, afin de fêter « l'excellente nouvelle ». M'entrainant dans un nuage à l'odeur reconnaissable, et des litres de bourbons.

Ainsi va la vie de mon meilleur client.

Après tout, en quoi cela me rend-t-il responsable, si ma « Diabolique » fait de lui un amant insatiable et un séducteur hors pair?

jeudi 13 janvier 2011

"Le souvenir est à peine un nénuphar montrant, parmi les eaux, son visage de noyé."


Jorge Carrera Andrade, Extrait de Biographie à l'usage des oiseaux.




Je crois que le problème est venu du fait que je ne réfléchissais en rien à ce qu'elle pouvait ressentir, dans ma tête tout était clair, mon choix fait il ne restait aucune raison de rebrousser chemin, ou même de me formaliser plus que de raison...Avec le recul je sais que j'aurais du m'y prendre autrement, mais comment se comporter de manière adéquate après tant de mensonges, de traitrise, de disputes, voire même de violence?
En y repensant, je suppose que je ne pouvait en aucun cas prévoir une telle chose.


C'est vrai que j'ai agis de manière totalement égoïste, la pauvre Marion laissée sur le carreau aurait certainement mérité plus d'égard, mais comment dire à une fille que l'on en aime une autre, sans forcément devenir le diable en personne?
Alors j'ai préféré être le salaud, le fourbe, l'enfoiré ou n'importe quel autre adjectif tout aussi peu gratifiant, qu'incarne le type qui ne sait pas ce qu'il veut, et qui préfère sauter la crémière avant de lui voler son pot de beurre.
Je ne peux pas dire que ça a été facile à vivre pour moi non plus, j'y ai laissé pas mal de plumes, deux amitiés de longue date, et ma fierté de mâle à deux sous.
Malgré tout, si c'était à refaire, je recommencerai, seulement pour ce moment ou j'ai joué le tout pour le tout, un bouquet de fleurs à la main devant la porte de Julia, avec tout l'espoir du mec qui se rend compte qu'il pourrait perdre celle qu'il aime; tout ça parce que son membre le démange trop régulièrement.
Mes parents viennent me rendre visite aujourd'hui, et ce sera l'occasion pour enfin leur présenter Julia et signifier à cette dernière l'importance de notre histoire à mes yeux. Notre histoire sera officielle pour tout le monde, y compris ma famille. Je suppose que c'est ça aussi devenir un adulte.
C'est Julia qui est allée les chercher à l'aéroport, étant donné que je fini trop tard pour y être à l'heure de leur arrivée. C'est un peu étrange qu'ils ne soient pas encore là, ils auraient du arriver une bonne demie heure avant moi.

Sonnerie.
⁃ Allo! Clément, je ne trouve pas tes parents. J'ai attendu aux bagages et à la sortie de l'aéroport mais je n'ai vu personne! Tu crois qu'ils ont pris un taxi? Qu'est-ce que je fais, j'attends encore un peu ou je rentre?
⁃ C'est bizarre, je leur avait dit que tu viendrais. S'ils ne sont pas là c'est qu'ils ont du prendre un taxi, tu n'as qu'a venir chez moi, ils arriveront surement entre-temps.
⁃ En attendant, je vais appeler ma soeur, juste pour savoir où ils en sont.

⁃ Allo! Vous êtes bien arrivés? Ça va bien?
⁃ Oui tout va bien, mais le vol était long! On va pas tarder à arriver là!
⁃ Vous êtes dans le Taxi? J'avais demandé à Julia de venir vous chercher...C'est con.
⁃ Ben Marion est venue nous chercher, ça me faisait plaisir de la voir et Papa et Maman n'ont rien dit! De toute façon on arrive bientôt ! À toute!

Fin de la conversation.
Il ne me reste plus qu'à attendre de toute façon...

Sonnerie de l'interphone, bruits dans l'escalier, seconde sonnerie. Ma famille fit son entrée, talonnée de près par...Marion.

⁃ Bonjour! (bises)
⁃ Bonjour mon Loulou! Mais c'est très mignon chez toi! On voit que tu as une fille dans ta vie. Tout est rangé!
⁃ Bonjour Marion...
Mes parents avaient beau me presser de questions sur ma vie, je ne parvenait pas à détourner les yeux de Marion, mais qu'était elle venu faire ici?

Mon père lui, ne se laissa pas démonter, et plongea la pièce dans le silence par un beau :
« Alors les amoureux, comment se passe votre vie? »
⁃ Et bien pour être honnête Papa, Marion et moi sommes séparés depuis quelques mois.
⁃ Comment? Mais je croyais que...
⁃ Mais je ne le laissai pas finir
⁃ À ce propos Marion, je voudrais savoir pourquoi tu es ici.
Marion eu à peine le temps d'ouvrir la bouche, que l'interphone sonna à nouveau. Quelques secondes plus tard, Julia se trouvait elle aussi dans le salon, ne semblant pas comprendre plus que moi.
⁃ Sourire gênés, bonjour timide.
⁃ « Papa, Maman, je...Je voulais vous présenter Julia, ma petite amie »
⁃ Silence de mort. Je pose les yeux sur ma soeur qui est rouge comme une pivoine. La voix de Marion vint vite me sortir de ma torpeur.
⁃ « J'ai quelque-chose d'important à vous dire. Ou plutôt c'est Lisa est moi qui avons quelque-chose d'important à vous annoncer : Nous sommes amoureuses l'une de l'autre. »
⁃ Ma mère encaisser sans broncher, mon père ne peut cacher sa surprise, mais fini par déclarer que « ce sont des choses qui arrivent » et il demande à Marion de l'excuser, qu'il est un peu surpris mais prêt à écouter ce qu'elle veut nous dire.
⁃ Avec des tremolos dans la voix, Marion repris sont discours :
⁃ « Je ne m'étais jamais posé de questions, je me suis toujours dit que si l'amour devait venir jusqu'à moi un jour, je le saurai. J'ai eu quelques histoires, qui se sont soldées par des échecs parce que je ne m'investissait pas, ne prenait rien au sérieux... Et un jour j'ai rencontré Lisa. J'ai mis du temps à le comprendre, mais je sais que c'est avec Elle que j'ai envie d'être, et pas une autre. Lisa fais de moi une personne meilleure, complète, épanouie. C'est une histoire sérieuse entre nous. Je ne m'engage pas facilement, si je suis venue aujourd'hui, c'est parce que je suis certaine de mes sentiments. »
⁃ Ma soeur tenait à présent la main de Marion,souriante, les yeux humides... Elle semblait au comble de la joie. À vrai dire tout le monde souriait : Mes parents heureux, de savoir ma soeur heureuse, même s'ils regrettaient déjà les petits enfants; Julia soulagée, ayant certainement imaginé que Marion était enceinte de
⁃ moi, ou tout autre scénario digne d'un mauvais épisode des « Feux de l'amour ».


Assis sur ma chaise, j'avais seulement gagné le droit de sourire et de fermer ma gueule. Mon ex-copine venait de déclamer mot pour mot la déclaration d'amour que je lui avait faite le soir ou nous notre relation a débuté. Je ne pu réprimer un frisson au moment ou mon regard croisa celui de Marion, qui me fit un clin d'oeil avant d'enlacer ma soeur.
L'heure de la vengeance avait sonné, et j'allais payer ce qui était du à Marion.