dimanche 24 octobre 2010

.Les larmes ne s’arrêtent pas sur du latex.




Sania. Londres

Alors que le jour se lève, il est facile de voir ses yeux se fermer. 8H, le matin, la rue dort encore. Les clochards ivres, sont sur les marches, ronflants leur amertume, personne pour dénoncer cela. Elle, marche silencieusement, rentrant se coucher chez elle, la tête basse et le pas pressé.

Sania a 20 ans. L’âge d’or, celui qu’on rêve de garder toute notre vie. Celui où on est encore beau, encore insouciant, encore heureux de pouvoir ne pas dormir. Enfin tout à fait conscient de nos choix et de nos décisions, persuadé d’un avenir sous total contrôle –alors que curieusement, le double plus tard, on ferait n’importe quoi pour revenir de peu en arrière. Elle vit à Londres depuis 2 ans, ayant fuit son chez elle natal faute de ne pouvoir assumer ses souvenirs d’enfance bafoués par de stupides erreurs d’adolescente. Quittant son coin perdu un drapeau à la main, découvrant la ville, l’esprit de culture, la diversité et les gens. Il ne lui fallut que trop peu de temps pour s’y préparer, encore moins pour s’y afférer. Tombant dans le bain comme dans un gangbang improvisé au détour d’une ruelle, sans que personne n’évoque de consentement.

Aujourd’hui, sur les 8 millions d’habitants qu’habrite la ville, beaucoup la connaissent. Certains malins la considèrent et autant d’autre aigris la haïssent. Tout vient de leur faculté à savoir faire la part des choses. Sania n’est pas une petite fille sage, du moins, pas comme le prétendait son père, selon le modèle qu’il aimait lui infliger. Partir aussi loin était pour elle un moyen de vivre sa vie, se porter sur ses propres jambes, faisant ses propres choix. Prouvant ainsi qu’une grande raison l’animait. Et quand Sania prend ses propres choix, cela consiste à écarter les jambes autour du cou d’un inconnu. Un simple sourire lui suffit, se complaisant dans l’étreinte. Dans un sport où l’esprit compte pour peu, où l’inactivité n’existe pas. S’il y aura peu de gens pour lesquels on peut ressentir un véritable amour, en revanche, nous pourrions tous nous enculer, ne recherchant plus qu’une hanche relativement populaire.

Le sexe lui permet de survivre. Tel une soupe populaire un soir d’hiver glacé. Telle une grande bouteille d’eau trouvé fraichement sur la table rentrant d’une promenade de plusieurs heures sous un soleil meurtrié. Une cigarette sortant du travail, une bière rentrant de cours. Son crack, son Nurofène. Un simple doigt levé devant le double menton de son paternel reprochant la couleur apparente de sa culotte. Elle est jeune, libre et Femme. BB. Brigitte. Julia Roberts. Simplement et longtemps après.

Son plus grand plaisir à se faire du bien était du genre exponentiel. Généreuse comme elle l’était, accro au bonheur, elle ne rechigner pas à redonner le sourire aux garçons, à prendre pour toute celles qui avaient dit non. Elle en voulait et, d’expérience, savait que personne ne la refuserait jamais. Elle choisissait ce qu’elle faisait, avec qui et comment. Elle n’avait aucune contrainte et aimé une large variété de pratique. Elle était une bible avec des réponses. Pendant au moins le temps d’une nuit.

Ses 20 ans lui offre l’aura de la fraiche pousse, donnant envie à quiconque de l’effleurer et de pouvoir donner l’illusion à chacun d’être celui l’ayant cueilli, révélant au grand jour sn insatiable libido. N’y allant pas de main morte, elle se mit rapidement à ressembler non plus à une jeune pelouse en devenir, mais bien à un terrain vague emprunt de mauvaises herbes, de buissons et quelques fossés. Un véritable chantier abandonné dont les ouvriers occupent encore les lieux, avec une cadence de travail qui ne connaît aucune crise, où les grèves sont, exclusivement, à ignorer.

Sania s’est toujours foutue de ce que l’on pouvait bien penser d’elle. Maintenant qu’elle dû devenir une femme mure et sûr, ces choix ne regardent qu’elle et votre probable désaccord sur ses mœurs ne la chagrine pas plus. Coucher avec tout le monde, tout le temps, n’importe comment n’est, dans son esprit, pas plus un divertissement qu’un affront à ses ancêtres qui auraient vite fait de la rayer du testament si seulement 1/10° de ses pratiques leur revenaient aux oreilles. Elle, avait décidé de vivre avec. Cela faisait parti de ses choix. Fraichement débarquée dans la grande ville, il lui fallut un certain ton, une certaine philosophie pour se retrouver, elle, perdue au milieu de tant de détails. Elle voulu tourner la page, elle voulut enterrer quelques démons. Comme pouvait le symboliser son short si court et son Tshirt blanc aux lettres dessinant un « Never Look Back » imposant. Elle regarderait devant, le message était passé, vous pouvez faire ce que vous voulez derrière.

C’est d’ailleurs ce qu’elle fait en ce tôt matin où, après un nuit de luxure mêlée à des corps sans nom, il lui faut rentrer. Elle rêve d’une longue douche, d’habits propres et de draps blancs. Mais surtout elle a peur. Cependant, rentrer chez elle correspond à la partie fastidieuse du processus. Reine d’une nuit, égérie d’une bande de queutard bandant mou encore endormi lors de son départ, elle s’en va rejoindre ses 4 murs et son silence de plomb. Cela la pèse. Cela fut probablement une des raisons à son appétit infini de chaire, dès le début. Ne pas avoir à revenir combattre ses démons, ses vides et ses pleurs. Rêvant de le voir souffrir, de le voir jaloux, de le voir hésiter quant à sa nouvelle pétasse. Elle voudrait qu’il repose les yeux sur elle, se dise « Je me suis trompé. Courageuse elle est parti, elle m’a oublié, elle se fait plaisir ». Voilà ce qu’elle faisait. Elle lui écrivait toutes les semaines une lettre avec ses sueurs vaginales. N’osant jamais poster la lettre, reprenant pourtant son courage à deux mains dès le nouveau soir venu. Elle devait lui faire mal, et pour ça, elle donnerait tout ce qu’elle avait. A savoir un cul, deux jambes, dix doigts et 32 dents.

Ce qu’elle ne voulait pas voir, ne plus regarder, remontait à un peu plus de deux ans. Alors en couple avec celui qu’elle voyait déjà comme le père de ses enfants, elle fut dévastée par le drame. Une tromperie, des mensonges, plus de respect, plus d’amour, plus de l’autre. Parti. Tout. D’un coup. Comme une lettre n’arrivant jamais, sans aucune trace de son contenu à jamais ignoré. Perdue. Voici pourquoi elle était partie. Plus rien n’allait, et rien ne serait mieux demain. Il lui fallait se créer une nouvelle journée constamment, du décor à la pensée, du fond à la forme, de l’odeur au gout. Il lui fallait se changer les idées, voir d’autres choses. Elle avait alors sauté dans un avion, laissant jusqu’à sa valise sur le bitume de l’aéroport. Partie fraichement.

La luxure n’était pas son vice. Encore moins son défaut. Il était celui des mauvais pensant qui rentrent seuls quand elle se faisait démonter par de trop nombreux participants. Ceux qui la jugeaient finissaient très souvent sur Youporn, pensant à elle. Tout le monde pensait à elle. L’image de son sexe en tête, ayant oublié la forme de son visage. On se souvenait ainsi facilement d’elle. La coquine, la cochone. Celle qui n’a pas peur. Celle qui donne et ne se préoccupe pas de recevoir. L’Etat providence, le RMI, les cavités de Sania.

Elle voulait être celle là. Qu’on regarde passer depuis la terrasse d’un café, déclarant fièrement, « tu vois celle ci… une bombe… une chienne… je donnerai n’importe quoi pour revivre une nuit avec elle ». Or, ce que Sania ne savait pas, c’est que des filles de joie, qui se jouent du système proposant leurs services gratuitement en échange de 15 minutes de considérations, il y en a beaucoup. Les putes n’existent plus et sont remplacées par de nouvelles créatures, n’ayant peur de rien, écoutant leurs désirs, assouvissant leur passion. Elle n’était qu’un poisson dans une marre de foutre. Buvant la tasse à chaque échappée. Remplie de sperme à force d’en déguster.

Ce genre de matin était devenu une routine pour elle, fuyant la scène du crime, rentrant dans sa tour d’ivoire, pleurant dans ses céréales, séchant ses yeux dans un coin de son Tshirt « Never-Look-Back », qui chaque jour perdait un peu de son éclat. Se voulant aussi libre qu’aveugle, elle dansait le soir sur du minimal, pleuré le matin sur les mots de Macy Gray. Elle vivait à l’envers, se couchant aux heures de bureau, sur le bureau les heures de sommeil. Persuadée que se tenir sur ses propres jambes était une tache facile, elle se surpris un matin à passer plus de temps portée par la graisse des rebonds de son cul, sur on ne sait quel meuble, que sur le plat de ses pieds. Personne pour regarder, si ce n’est son reflet dans le miroir constatant les traces suspectes dans ses cheveux. Venant se soutenir par elle même, elle ne se rendit jamais compte que les seules fois où ses jambes la tenaient, était quand elle était à genoux. Le reste du temps, généralement, on avait la décence de la porter. Elle vivait dans le passé au point de ne pas voir ce qui se passait. Avec l’ignorance et la peur comme seuls compagnons.

C’est en ces moment, rentrant, qu’elle y pensait. Ce rappelant son premier amour, celui qui l’avait rendu heureuse. Cette époque où elle se levait le matin en se disant inlassablement que la journée serait belle. Elle n’avait pas de question à se poser car elle l’avait lui. Rien d’autre. Elle se foutait du reste. Jusqu’à ce qu’il parte la queue entre d’autres jambes, la laissant, elle et sa vie nue sur la paille encore chaude. Il n’avait pas fini son travail et elle en avait pâti. Elle n’était plus qu’une contrefaçon, un bien non fini, un produit brute dans le corps d’une toute petite bête. Invendable. Alors elle se donnait au rabais, assurée de maitriser sa vie, persuadée de valoir ce qu’elle voulait. Certaine de porter son propre fief entre deux mains libre pour toute révolution.

Assurée d’assumer ses choix ne découlant pourtant que de réflexions précoces.

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