dimanche 24 octobre 2010

.La Station d’un Regard.




En entrant dans la rame, elle brisa tous les codes. Que ce soit ceux du silence ou relevant de la bien séance. De la morale ou d’une simple civilité. Tout le monde eu le souffle court. Elle ne présenta rien de bien particulier au premier coup d’oeil, mais chacun vu en elle un gouffre dans lequel se plonger. Si les femmes eurent vite fait de relever en détail chacun de ses vêtements, la manière dont tombaient ses cheveux où le regard feutré de ses grosses lunettes, les hommes quant à eux s’attardèrent plus longtemps sur ses longues et magnifiques jambes dévoilées, son cul rebondit sur lequel on pourrait faire tenir une pinte et ses lèvres rappelant l’été.

Après avoir tenu la distance entre les deux première stations, combattant à la force des mollets les soubresauts du train, faisant voler ses fesses dans toutes les directions pendant que la direction changeait, laissant danser ses seins non retenus dans son petit T-shirt en lin, les cheveux cassant sous des petits bonds de la tête presque obscènes. Le métro fut une bien belle invention. Notant aussi que l’été, les chaleurs s’envolant, le métro est bien le seul endroit au monde où tout le monde à une tête d’échangiste sans même avoir besoin d’enlever ses fringues pour le montrer. Coulant, haletant, rouge écarlate, les habits tombant. Une grande réunion de partouzeurs timides lors de laquelle personne n’ose faire le premier pas.

Il compris rapidement que ce jour était une bénédiction. Mal réveillé, il lui fallait rentrer chez lui. Après n’avoir plus quitté des yeux le corps enchanté de cette créature, il eu le plaisir de la voir hésiter puis s’asseoir sur le siège en face de lui, brisant un grand vide supplémentaire. Quel plaisir. Il avait dorénavant une version stéréo du balancement agité de sa poitrine. Mais ce que peu avaient vu, fut le détail du 21° siècle. Ce sentiment de liberté qu’elle évacuait. Ce sentiment d’invisibilité face à toutes ces femmes, belles comme moches, qui la dévisageaient depuis son entrée et l’instauration du silence qu’elle avait imposé, comme si ces dernières avaient compris dès le début de quoi il en retourné. Ce sentiment de légèreté que vous procure l’absence de sous-vêtement. L’été faisait bien les choses, épanouissant les fleurs, déshabillant les filles.

Un brusque sursaut, une très légère coupure de courant, comme il en arrive toutes les 27 secondes dans ces longs tunnels noirs, et dieu lui apparu. Comme un signe, avec le halo de lumière qu’on s’imagine lors d’une rencontre avec un Prophète. Les lèvres se dessinèrent doucement, la forme prit peu à peu place dans chaque recoin de ses pupilles. Il était là, face à l’un des plus belles chattes qu’il est eu l’occasion de rencontrer. Qui était-elle ? Comment pouvait-elle être si parfaite et en plus jouer avec ce pouvoir magique qui effraye beaucoup de personne. Il ne pouvait plus relever la tête. Elle le vit, et ne fit rien. Il était hypnotisé. Ces animaux que l’ont ne peut chasser, ces amours que l’on ne peut étreindre, nous simple mortel. Il était en contact maintenant. Relevant d’une si grosse érection cachée que lorsque la voix stridente lui annonça sa station, il fut perdu au point de ne pouvoir bouger, revenir à la réalité, descendre de la rame et repartir sur son propre chemin. Non, il était « dedans », coulant le long de la fente, se blottissant dans les moindres recoins permis par ces voluptés de peau. Le reste de ce corps plus parfait qu’un rêve n’avait plus de valeur, il avait le joyaux, le noyaux, la pèche et le bol de fruit.

Quel moment magique que de pouvoir voler l’intimité d’une créature de l’Olympe. En revanche, rappelons nous qu’aucun mortel n’ai autorisé à visiter ce lieu incroyable, rien n’est gratuit dans ce monde, il faut croire. Et tout ce que cette simple âme doit désormais ressasser, est que c’est sacrement dommage que le destin lui ait prévu de descendre à cette ultime arrêt, le protégeant d’une mort apocalyptique sans en profiter. Quel dommage qu’il se soit perdu dans l’ivresse de la chair. Quel dommage d’avoir louper 1 arrêt pour le plus beau des prétextes. Quel dommage que ce fut un 7 Juillet 2005 à 8H49 dans le métro londonien.

Toute la rame du métro explosa quelques secondes après. Il n’eut même pas le temps de comprendre, si ce n’est pas un mouvement brusque de la tête accompagnant un « attendez » échappé lorsque ses yeux se posèrent sur l’ultime rayon de lumière de sa vie. Sa dernière image fut une chatte. La plus belle des chattes. Celle qu’on nous offre mais que l’on ne peut toucher. Celle que nous n’aurions jamais eu sinon avec les yeux. Celle que nous n’oserions fouler de peur, comme avec les ailes d’un papillon, de l’empêcher de s’envoler butiner ailleurs. De toutes les façon possibles de vivre une mort impersonnelle, celle ci doit être, de toute, la plus agréable. Mourir sur un rêve encore chaud.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire