dimanche 24 octobre 2010

.There's no Way else than Sisco.




Il sortait de son bureau sans savoir quelle direction prendre. Il avait arrêté de boire il y a bien 6 mois mais il en arrivait à se demander s’il devait partir chez lui directement ou passer vite fait par le bar pour se trouver un peu de courage, ce dernier lui semblant totalement absent.

Il finissait tous les jours de la semaine à 19H et le fait qu’il soit autorisé à partir de si bonne heure lui permettrait de ne même pas poser le doute dans l’esprit de sa femme. Le problème étant que s’il sortait si tôt ce jour là, c’était à cause du rachat de sa boite par une autre. Le fameuse histoire du « rachat qui ne permet plus votre emploi » dont on entend souvent parler mais dont on en se doute jamais de sa venue. Mais les faits étaient là. Il n’avait plus de boulot et rentrer chez lui pour voir sa femme et ses deux filles en ouvrant la porte il savait qu’il se bloquerait et il ne pourrait rien dire. Il savait aussi qu’à 46 ans, le chômage était un gouffre. On n’en ressortait qu’amoindrît, à défaut de ne pas en mourir. Il avait peur de la réaction de sa femme. Il imaginait déjà cette dernière l’emmerder à chaque fois qu’il passerait le pas de la porte annonçant qu’aujourd’hui non plus il n’avait pas trouvé de travail. Au bout d’un temps, ça deviendrait sa faute. L’amour finirait par s’épuiser. La baiser serait un devoir plus qu’un plaisir. Il passerait pour un branleur aux yeux de sa famille et il finirait par en devenir un.

Son regard perdu dans ses pensées noires, il ramassa son attaché-case, mis son manteau dans le creux de son bras et pris la direction du bar. S’il devait vivre une vie de merde à partir de demain, celui ci se terminerait dans un gout de scotch qu’il avait presque oublié.

Depuis qu’il avait arrêté de boire, il avait évité de fréquenter les bars. C’est sa femme qui avait pris cette décision. Pour lui l’alcool n’avait jamais été un problème. Il ne buvait jamais devant ses filles. C’était un principe pour lui. Il attendait la fin du repas et partait rejoindre un copain ou un collègue aux alentours de 22H. Il revenait généralement torché chez lui et sa femme lui gueulait dessus s’il se trouvé même plus capable de bander. « Aux nom de tes filles tu dois le faire », avait elle dit d’un ton solennel qui ne lui avait pas laissé beaucoup de choix. Mais il se souvenait toujours d’un bar. Son préféré. Le Tony Rocky Ball. Il était devenu un ami du gérant qui lui payé souvent des coups. L’ambiance y était sombre mais ardente. Le bar avait en son bout une télévision qui retransmettait des matchs de base-ball et des bouteilles masquaient une vitre dans laquelle parfois des petits vieux qui avaient trop bu se perdaient, regrettant probablement les choix de leur passé. Des recoins feutrés étaient composés de banquettes et de tables où on pouvait facilement trinquer avec sa maitresse sans crainte de se faire reconnaître. Ce bar était parfait. Plus il avancé sur le trottoir, et plus il se souvenait. Les scotchs, les finales de super ligues, les coups d’un soir, les cuites. Bien plus rapidement qu’il n’y paru, il arriva devant la porte et se senti presque excité à l’idée de pousser la lourde porte rouge de l’entrée.

Cette lourde porte eue l’effet d’une machine à rattraper la poussière. Il était 5 ans en arrière, la calvitie effacée, le bide plat. Il était heureux. Il ne pensait plus au chômage. Le barman ne dit rien. Le regarda et se tue. Perdu entre un « heureux de te revoir enfin » et « tu y arriveras la prochaine fois », ne sachant pas vraiment à quelle situation il avait à faire. Il servit un scotch.

Le fil ne fut pas dur à rompre. En 7 minutes et trois scotchs, il raconta tout au barman. Celui ci, comme à son habitude, écouta. Voyant la situation se dessiner, il pointa furtivement le fond du bar. Il assista alors à la vision de deux magnifiques jambes perdues dans l’ombre de la luxure que transpiraient les recoins de cet antre. Elle était blonde, sentant le sexe, se dirigeait vers SF. Le bar ornait maintenant les cadavres d’une dizaine de verres. Les rires éclataient et les lèvres dégoulinaient.

Une fois l’heure où même les ivrognent commencent à rentrer chez eux attend, elle voulu partir. Proposant un dernier verre chez elle. Après avoir faillit s’étouffer, pensant que son charme de quadragénaire sans emploi ne lui permettait même plus d’imaginer de tels scénarios. Il lui proposa une cigarette, un bol d’air et un au revoir. Elle accepta.

Ils firent les derniers à sortir. La rue était déserte. Froide. Sans fin ni à gauche, ni à droite. Perdue. Seule une magnifique voiture rouge type Great White Shark surplombé le pavé devant le bar. Elle parcouru 3 mètre pour arriver jusqu’à la portière et ce moment lui sembla tout aussi infini que l’univers. Le regard trouble, pleurant dû au froid, il se retourna sans rien dire et parti. Il était quelqu’un de bien. Il rentrait chez lui, plus par peur de trop réfléchir que par choix.

La soirée fut agréable, il avait ce qu’il était venu chercher, du courage. Cela le réconforta dans l’idée d’avoir passer la nuit à boire, ce qui n’était pourtant pas vraiment envisageable.

Il ne fallut pas plus de 2 minutes après avoir enfoncé la clé pour que la scène commence. Il n’eu même pas le temps de préparer son discours que déjà quelque chose n’allez pas.

Où étais tu ? Tu as vu l’heure ? Tu te fou de ma gueule ? Et ainsi de suite. Il ne dit rien, enleva son manteau, posa ses affaires et s’installa dans un fauteuil, main sur les yeux. Elle, continuait, sans relâchement. Une véritable machine de guerre.

Soudainement il dit quelque chose. Elle en fut coupé en pleine phrase et se tue. Il lui expliqua tout, tout ce qu’il pu lui dire, il le lui dit. Dans la plus grande sincérité, dans le plus grand respect de l’Homme saoul. En revanche, ce n’était pas parce que son haleine aurait pu tremper une serpillère qu’il ne pesait pas ses mots. Il trouverait du travail, forcement, car il en avait la rage. Il ne dormirait plus. « Je suis le capitaine du navire et je ne le laissera pas couler ».

Sa femme incrédule par ce discours continuait de le regarder sans aucune expression. Il avait parfois l’impression qu’elle était en train d’examiner l’état de la tapisserie derrière lui tellement elle louchait.

Une fois le calme plat du discours achevé venu, elle se leva, lui annonça qu’elle était enceinte. De 4 mois et que par sa faute ils allaient crever. Elle en a marre. Elle partira chez sa mère, à la campagne et il viendrait aussi puisqu’il était le capitaine.

Restant assis au fond du fauteuil, les mains croisées sur ses genoux, il releva un instant le regard et le posa sur sa femme.

« MAIS C’EST QUOI CE SOURIRE BON DIEU ? Tu comprends ce qui se passe ? »

Son esprit n’était plus là. Le regard vide, l’alcool dans les circuits, un grand sourire au milieu du visage. Il était reparti là où il venait de se laisser. Une grande voiture décapotable, sur une route aussi droite qu’infini, écoutant des vieux standards à la radio, la fille sur le siège passage, les pieds dans le vents au dessus du rétro.

La seule phrase qu’elle pu entendre lors du reste de la nuit fut prononçait lors d’un murmure.

Il semblait se parler à lui même toujours aussi perdu dans son sourire, disant qu’il devait probablement être le plus bête des idiots…

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